Ciné mon Mardi ""Little Jaffna"

Pour commencer
Michael Beaulieu, jeune policier français d'origine sri-lankaise, est désigné par la DGSI pour infiltrer en 2008 une organisation tamoule indépendante dans le quartier de Little Jaffna à Paris. Il devra faire tomber un de ses argentiers. Petit à petit, Michael va s'identifier à ceux qu'il doit participer à arrêter. Sa double culture va provoquer chez lui un déchirement lorsque la communauté tamoule va le forcer à se positionner. Jusqu'où pourra-t-il aller sans s'aliéner ?
Allons plus loin
Ce polar se situe au cœur d'une communauté vivant en résonance avec la guerre civile qui ravage leur Sri Lanka natal. Mais si Lawrence Valin est soucieux de la représentation la plus juste de la réalité vécue au quotidien par la communauté tamoule parisienne, sa démarche, résolument anti-naturaliste, assume pleinement le cinéma de genre, brassant un métissage cinématographique sans frontières, qui balaie le polar urbain nord-américain, les chorégraphies mythologiques du cinéma bollywoodien, les conflits de masculinité entre bandes inspirés de Crow Zero du japonais Takashi Miike, ou même l'esprit baroque des règlements de compte chez Sergio Leone, sans oublier, en racines profondes, les mythologies brassées par Spielberg.
Lawrence Valin prend un risque inouï en construisant un polar violent sur une communauté connue pour sa discrétion. Il s'offre le luxe d'incarner ses propres fantasmes de héros énigmatique dans la peau de « monsieur tout le monde » combattant de l'intérieur une mafia puissante. Mais l'énergie de sa mise en scène peut être vue comme l'équivalent religieux de l'œcuménisme où les références culturelles s'additionnent et s'enrichissent sans jamais entrer dans un conflit dont l'issue serait l'annulation de l'autre. Ce sont là aussi les problématiques traversées par son protagoniste que le cinéaste interprète, passant d'une mère-patrie que sont l'affection et la protection de sa grand-mère à la fascination pour les figures paternelles de masculinité au sein de la communauté tamoule.
Peut-il seulement choisir entre son héritage culturel et sa quête de reconnaissance pour son pays d'accueil ? Son dilemme se lit à même son visage, marqué par deux pigmentations distinctes qui font partie de tout un panel d'éléments sur la dualité. Le spectateur a tout le loisir de les identifier le long d'un parcours jonché d'obstacles, mais aussi d'amour.
Les mots du réalisateur
Lawrence Valin : « Mes parents sont originaires du Sri Lanka, j'ai grandi dans cette culture et c'était important pour moi d'en parler dès mon premier long car très peu de films en France y font référence. Il n'y a eu que Dheepan de Jacques Audiard. Quant au genre, cela permet de rendre mon propos universel car je ne voulais pas faire un documentaire. À travers le thriller, le suspense, je raconte un peu l'histoire de la communauté tamoule et celle du conflit armé qui l'a opposé au gouvernement sri-lankais pendant 25 ans, un conflit qui a été très peu médiatisé mais dans lequel j'ai baigné pendant toute ma jeunesse. Via le genre, je voulais embarquer le plus de spectateurs possibles pour qu'ensuite, peut-être, ceux qui sont intéressés aillent s'informer davantage. »

Vladimir Cviklinski
Avec l'équipe de Ciné mon Mardi
D'après Cineuropa, Cult.news,
le Mag du Ciné et Le club de Mediapart.

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